Les beaux jours arrivent, les manches raccourcissent, les corps se découvrent.
Normal, c’est l’été. Mais derrière cette légèreté, il y a un poids invisible : celui des
normes qui dictent ce qu’un corps “acceptable” devrait être.
L’été, tout le monde n’est pas à l’aise. Et pour cause : notre corps, aujourd’hui, ne nous
appartient plus vraiment. Il est jugé, comparé, mesuré à l’aune de standards tacites,
véhiculés par les regards, imposés par la mode, les médias, les réseaux sociaux. Minceur,
jeunesse, peau lisse, proportions idéales : la liste est courte… et exclusive.
Ces images omniprésentes finissent par s’infiltrer dans nos têtes. Elles façonnent la façon
dont on se voit, et souvent, elles font mal : perte de confiance, complexes, troubles
alimentaires. Les réseaux sociaux, avec leurs filtres, leurs likes et leurs algorithmes,
amplifient encore ce jeu pervers où certains corps sont mis en avant pendant que d’autres
disparaissent.
Et puis il y a le body shaming. Moqueries, critiques, humiliations sur l’apparence — tout y
passe : poids, taille, pilosité, cicatrices, cheveux, tatouages… parfois même venant de
proches. On croit que ce n’est “que des mots”. Mais les conséquences sont profondes :
estime de soi qui s’effrite, anxiété, dépression. Chez les moins de 18 ans, 85 % disent y
avoir déjà été confrontés.
Le plus insidieux, c’est que cette violence est devenue banale. On en oublie qu’on peut vivre
dans son corps sans chercher à le “corriger”. On peut l’habiter, le ressentir, l’aimer. Pour
briser ce cercle, il faut oser remettre en cause ces normes, parler de vraie diversité
corporelle, et s’offrir le droit — oui, le droit — d’exister sans se cacher.
Un corps n’a pas besoin d’être parfait pour être digne. Et l’été, comme toutes les saisons,
devrait rimer avec liberté, pas avec jugement.
Un corps libre, c’est un corps qui vit, qui aime, qui ose… et qui n’a rien à prouver.
Weltiane